dimanche 17 février 2008

Le Passage. Jean Reverzy

« Cette histoire commença un après-midi, loin de la mer. Je besognais dans une grande pièce médiocrement meublée d’un bureau, d’un fauteuil, de quelques chaises, d’un divan poisseux de contacts humains et d’une vitrine où luisaient des instruments de verre et de métal. Dehors, au-delà des vitre dépolies, un pâle soleil d’automne et de France. Un à un, des êtres venaient s’asseoir près de moi ; nous parlions à voix basse ; puis ils se levaient pour se dévêtir et s’étendre sur le divan : alors je palpais leur nudité, j’écoutais leur souffle et les pulsations de leur cœur. Pendant qu’ils s’habillaient, je retournais à mon fauteuil pour écrire quelques lignes. Ils me donnaient un peu d’argent, me serraient la main et s’en allaient. Tant bien que mal, pour chacun d’eux j’avais déchiffré une énigme et inscrit ma réponse sur la feuille qu’ils pliaient en quatre et emportaient sans la regarder. »
Le Passage. Jean Reverzy.

J’ai lu et relu ce livre à chaque fois que j’allais mal et il a toujours eu le pouvoir de m’enfoncer davantage pour mieux me permettre ensuite de remonter. C’est ainsi que je me soigne ! La Mouette de Tchekhov, le Journal de Kafka ont le même pouvoir. Je n’analyse pas, je ressens seulement et, après la marée sombre vient la marée claire. C’est ainsi…

Palabaud vit à Tahiti, il souffre d’une grave maladie du foie et revient se faire soigner à Lyon. Le narrateur, médecin, l’accompagne jusqu’à sa mort.

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