lundi 28 décembre 2009

Austerlitz de W.G Sebald

Dans les premières semaines ayant suivi son retour de Bohême, dit Austerlitz, qui reprenait ainsi tout en marchant le fil de son récit, il avait appris par cœur les noms et les dates de naissance et de mort des défunts, il avait rapporté chez lui des galets et des feuilles de lierre, et aussi une rose de pierre et la main détachée d’un ange ; mais, dit-il, autant dans la journée mes promenades dans Tower Hamlets avaient pour effet de me calmer, autant le soir j’étais hanté par les plus effroyables angoisses, des états d’anxiété qui parfois pouvaient durer des heures et ne faisaient qu’empirer. Il ne m’était visiblement pas d’un grand secours d’avoir découvert les sources de ma perturbation ni d’être capable de me voir moi-même avec la plus grande acuité, tout au long de ces années révolues, en petit garçon coupé du jour au lendemain de sa vie familière : la raison ne prenait pas l’ascendant sur le sentiment que j’avais de tout temps réprimé et qui maintenant se frayait avec violence un chemin pour sortir au grand jour, le sentiment d’avoir été rejeté et effacé de la vie. Cette angoisse terrible me surprenait au milieu des gestes les plus simples, quand je laçais mes chaussures, rinçais les tasses à thé ou attendais que l’eau frémisse dans la bouilloire. Instantanément ma langue et mon palais se desséchaient comme si je gisais depuis des jours dans le désert, ma respiration se faisait de plus en plus haletante, mon cœur se mettait à palpiter et à battre jusque dans ma gorge, une sueur froide perlait sur tout mon corps et même sur le dos de ma main tremblante, et tout ce que je regardais était comme recouvert d’un réseau de hachures noires. Je croyais devoir crier et pourtant aucun son ne franchissait mes lèvres, je voulais sortir dans la rue et n’arrivais pas à bouger, je me vis même, une fois, après une longue et douloureuse contraction, exploser de l’intérieur, et vis les parties de mon corps éparpillées à la surface d’une contrée obscure et lointaine. (…)
Austerlitz. W.G. Sebald. Editions Actes Sud, p.273, traduction Patrick Charbonneau


Ce passage me touche tout particulièrement, tout comme tous les passages d'enfermement. On ne sort pas indemne de cette lecture qui est une découverte aussi importante pour moi que celle de Pérec dans W ou le souvenir d'enfance et de Reverzy pour le Passage.

Suivre les lieux Sebaldiens sur le blog Norwich ajoute au plaisir de la lecture de ce grand auteur.

jeudi 24 décembre 2009

Souvenir d'enfance



Crèche de la Cathédrale Saint-Etienne Limoges

vendredi 11 décembre 2009

Exposition japonaise

 


Je vous invite à une très jolie exposition sur l'art japonais du Manéki néko. Elle se déroule à la Maison du Temps Libre de Limoges (derrière la mairie)jusqu'à dimanche soir 18 heures. Dimanche à 15 heures présentation de la technique de l'origami. Vous y trouverez ces chats qui portent bonheur. Une idée de cadeau de Noël...


"C'est à l'époque Edo, vers 1850 au Japon, que le Manéki néko est présenté comme porte-bonheur. Celui qui lève la patte antérieure droite est pour améliorer les gains et la bonne fortune. Celui qui lève la patte antérieure gauche est pour apporter la popularité. Le Manéki néko de couleur blanche apporte le bonheur, le noir permet d'échapper au malheur et le rouge est pour éviter la maladie. Nous aimerions que Manéki néko apporte à tous le bonheur par ce symbole venu d'un pays lointain"

J'ai pris les trois !!!

Une autre exposition aura lieu en avril, je vous tiens au courant.