jeudi 7 août 2008

Sur les chemins de Sainte Victoire



Belle promenade dans mon fauteuil en compagnie de Jacqueline de Romilly qui m'a fait parcourir les sentiers de Sainte Victoire. Elle connaît la montagne par coeur, et elle vit à ses pieds. Elle en connaît les saisons, les fleurs, les détours, les odeurs, les couleurs, l'ascension heureuse.
Ce livre exprime la joie de vivre et d'aimer passionnément un lieu. J'ai découvert derrière l'érudite qui a consacré sa vie à l'étude des penseurs grecs, une femme libre, joyeuse et humaine et je la remercie de m'avoir fait partager son amour pour ce superbe joyau que je n'ai fait qu'entrevoir.
J'ai aimé ce passage :
" La solitude est parfois dure à supporter ; elle comporte des coups de cafard, à l'heure où le soleil se couche et où commence une soirée vide. Mais elle dispense tant de joies ! Se lever très tôt à l'aurore et s'en aller, à son gré, à son heure, c'est déjà une joie. Sentir avec intensité tout ce que l'on ressent, parce que l'on s'y donne en entier, c'est une richesse de plus. Poursuivre un même problème, âprement, de toute son attention, et déjeuner à trois heures s'il le faut, c'est une force. Aussi ai-je parfois tendance à penser que - sauf exceptions, naturellement - dans nos vies d'ici-bas, tous les lots sont équivalents. Je veux dire par là qu'un mari, un amant, des enfants sont des sources de hautes joies, mais entraînent aussi des soucis, des inquiétudes pour eux ou à cause d'eux, des espoirs parfois trompés, des déceptions, des absences. Celui qui n'a pas les joies n'a pas non plus les soucis. et, libres d'eux, il peut découvrir, s'il sait y parvenir, d'autres plaisirs sans prix, qui n'appartiennent qu'à lui. La solitude, on peut aussi l'appeler liberté : il faut seulement, comme pour la liberté en général, savoir la vivre et en vivre."

Ce texte peut sembler évoquer un univers un peu austère mais la tension vers l'absolu manifestée dans le livre l'éclaire d'une généreuse couleur.

3 commentaires:

Anonyme a dit…

Je lis aussi pendant les vacances. J'aime cette "fausse" solitude qu'est la relation avec un livre, "fausse" parce que le lecteur est en contact avec l'auteur et ses personnages.

Anonyme a dit…

Superbe billet, merci Racine. L'extrait que vous citez me parle très fort et me donne envie d'emprunter à votre suite les chemins de Jacqueline de Romilly.

Racine a dit…

Merci Bernadette et Tania. Je suis contente, chère Tania, de vous avoir donné envie de lire ce livre qui peut accompagner bien au delà de la simple description de la montagne.
Racine