dimanche 15 juin 2008

La Ronde de Nuit

Rencontre avec des monstres dans « La Ronde de Nuit » de Patrick Modiano. Les quartiers chics de Paris sous l’Occupation sont investis par la Gestapo Française avec à sa tête Le Khédive et Philibert.
Le narrateur a vingt ans, il sacrifie son âme au Diable, aux côtés d’industriels, de truands, de personnages du spectacle, de femmes faciles, d’assassins qui torturent et tuent dans les locaux du 3, bis square Cimarosa. Pillant les appartements des juifs arrêtés, trafiquants d’œuvres d’art, investissant le cœur de la ville occupée ils font leurs monstrueux trafics sous l’œil désabusé et complice du narrateur. « On pensera peut-être que je manque d’idéal. J’avais au départ une grande fraîcheur d’âme. Cela se perd en cours de route. »
Chargé sous le pseudonyme de « Swing Troubadour » pour les monstres et de « Lamballe » pour les résistants, d’infiltrer un réseau, il est entre les deux mondes. Les résistants lui demandent à leur tour d’infiltrer le milieu des truands. « Je compte sur vous, Lamballe. Vous nous renseignerez sur ces gangsters. » J’aurais voulu prendre parti mais le « Réseau des Chevaliers de l’Ombre » comme la « Société Intercommerciale de Paris-Berlin-Monte-Carlo » m’étaient indifférents. Quelques maniaques me faisaient subir des pressions contradictoires et me harcèleraient jusqu’à ce que je meure d’épuisement (…) L’époque où nous vivions exigeait des qualités exceptionnelles dans l’héroïsme ou dans le crime. (…) Oui, il y avait une odeur de pourriture dans l’air. »
Il n’a plus pour souvenir de l’innocence que deux pauvres êtres, un aveugle et une enfant qu’il doit protéger de la barbarie et sa mère qu’il sait en sûreté en Suisse et pour laquelle il dit : « Maître chanteur, gouape, donneuse, assassin peut-être mais fils exemplaire. C’était ma seule consolation ».
Ses déambulations dans la capitale se font au rythme de textes de mélodies populaires insérés dans le roman dont la chanson « Swing Troubadour » de Charles Trenet.
Je n’aurai rien compris à ce texte si je n’avais pas vu le film « 93, rue Lauriston » de Denys Granier Deferre. Il raconte l’histoire d’Henri Lafont (le Khédive dans le texte de Modiano) et de Pierre Bonny (Phillibert). Je vous conseille de visiter les liens et de liens en liens vous découvrirez, si vous ne la connaissiez pas, une histoire dans l’Histoire, monstrueuse et qu’il est bon de faire connaître. J’ai aussi appris que la Légion Nord Africaine créée par Laffont avait sévi dans la région Limousin et que 3 sections avaient combattu les maquis Limousin, exécutant entre autres les 26 otages de Brantôme en Dordogne.

Le lien vers le site : Le réseau Modiano ne fonctionnant pas tapez : réseau Modiano sous Google

http://fr.wikipedia.org/wiki/Henri_Lafont

1 commentaire:

Anonyme a dit…

J'aime bien les critiques littéraires sur les blogs.
Dommage que les liens donnés ne soient pas "réceptifs" et que l'on ne puisse pas aller directement sur les "pages". Cela augmente le risque d'erreur. Mais c'est peut-être "arrangeable", non ?